Après avoir sué pendant des jours au bord du Mékong, on s’est dit qu’il était peut-être temps de se mettre au frais à la montagne. Tant qu’à faire, autant joindre l’utile à l’agréable en allant faire un coucou aux éléphants du Mondolkiri. C’est parti pour une virée à Sen Monorom.

Sen Monorom et le Mondolkiri

C’est quoi ce charabia ? Petite explication rapide : le Mondolkiri est une province montagneuse de l’est du Cambodge, frontalière avec le Vietnam. Encore reculée malgré la construction d’une nouvelle route toute neuve il y a 2 ans, le Mondolkiri reste peu touristique et relativement authentique.

Sen Monorom est une petite ville nichée au cœur de cette province rurale et montagneuse. C’est aussi le point de départ de la plupart des treks organisés dans le coin. Accessoirement c’est aussi le point de départ idéal si vous souhaiter rencontrer les fameux éléphants du Mondolkiri.

Pourquoi Venir à Sen Monorom pour voir des Éléphants ?

Bonne question me direz-vous ? Ben oui des éléphants il y en a partout en Asie. On en a même vu à Angkor, avec des Chinois sur le dos, zigzaguant péniblement entre les mini-bus et les tuk tuk. Les pauvres !

Sans vouloir paraitre idéalistes, n’est-il pas plus intéressant de rencontrer ces animaux dans leur milieu naturel, à savoir la jungle ? Pour nous en tous cas, ça a toute son importance. Voilà pourquoi on s’est intéressé aux éléphants du Mondolkiri.

Minorité Ethnique et Éléphants

Pour la petite histoire, les éléphants du Mondolkiri que l’on peut approcher lors de treks sont des animaux domestiqués depuis bien longtemps par une minorité ethnique, les Bunongs.

Cuisine avec plusieurs personnes de la minorité Bunong au Cambodge

Les Bunongs vivent en communauté restreinte au sein d’un village près de Sen Monorom. Ils ont domestiqué des éléphants sauvages et les ont longtemps utilisé à des fins agricoles.

Sensibilisées à la cause animale et surtout voyant que ça pouvait rapporter gros (on est pas naïf à ce point), certaines associations locales ont décidé de renverser la tendance en développant une forme d’écotourisme.

Désormais, au lieu de faire travailler les éléphants, les Bunongs ont pour mission de veiller à ce que la rencontre entre leur animal et les visiteurs se passent bien. Et oui, bien que domestiqués, les éléphants restent de grosses bébêtes imprévisibles. Si quelque chose ne leur plait pas, ils peuvent devenir dangereux.

Direction la Jungle

Le matin dès 8h30 un van vient nous récupérer à l’auberge. Nous sommes 3 à participer à l’excursion. Nous partagerons donc cette journée avec Daniel, un Français à la retraite ex journaliste et prof mais aussi baroudeur depuis très jeune. Il a beaucoup voyagé en Asie dans les années 70 et il revient voir comment les choses ont évoluées depuis. Il avoue ne pas reconnaitre les pays qu’il a traversés à l’époque. En revanche, il admet être moins souvent malade aujourd’hui. Tu m’étonnes, l’Asie dans les années 70, ça devait être une aventure pour le système digestif.

Revenons-en à nos moutons éléphants ! Une trentaine de minutes de van plus tard, nous nous mettons à marcher sur un petit sentier avec chacun un bâton de canne à sucre à la main. Il nous faut environ 40 minutes pour rallier un hameau ou vivent deux familles Bunongs.

Logements du village Bunong, Cambodge

Les Bunongs et les Éléphants pour les Nuls

Là, notre guide nous en dit plus sur la minorité Bunong. On apprend notamment qu’ils sont animistes, qu’ils vivent au plus proche de la nature, qu’une femme peut facilement avoir entre 7 et 12 enfants. Les Bunongs parlent également une langue qui leur est propre et vivent essentiellement de la chasse et de l’agriculture. La « location » des éléphants leur rapportent désormais un revenu supplémentaire mais nous ne saurons pas exactement quelle en est la part.

Le guide nous explique également qui sont les éléphants que nous allons rencontrer et qu’ils ont chacun leur petit caractère. Il y en a donc certains que nous pourrons approcher plus facilement que d’autres.

En Route vers les Éléphants du Mondolkiri !

Après ces explications nous découpons les bâtons de canne à sucre que nous avons emmenés et repartons en forêt pour rencontrer enfin les fameux éléphants. La canne à sucre est une gourmandise destinée aux éléphants. On comprend qu’ils adorent ça puisqu’ils les engloutissent en un rien de temps.

Elephant boueux, Sen Monorom, Cambodge
Éléphant avec la trompe en l'air, Cambodge

Éléphant nous saluant (enfin c’est comme ça qu’on l’a compris)

Éléphant frotte sa tête contre un arbre, Cambodge

Un éléphant myope qui s’est pris un arbre

Bon et maintenant qu’on a plus de canne à sucre on fait quoi ? En fait les éléphants sont très cools et on s’aperçoit vite qu’on peut les approcher facilement sans friandise. Il y a même une femelle très douce que l’on peut caresser sans problème. On n’abuse tout de même pas. C’est pas des chiots non plus.

Sylvain caresse un éléphant dans la forêt près de Sen Monorom, Cambodge

Moment magique de communion entre ces deux gros pachydermes

Éléphant attrapant une branche près de Sen Monorom, Cambodge

On observe ainsi ces gros pachydermes pendant 1 bonne heure. C’est fascinant d’être en contact si proche avec des animaux aussi imposants et exotiques.

Baignade avec les Éléphants du Mondolkiri

Après un repas aussi délicieux que copieux (on a même pas réussi à finir), notre guide revient nous chercher. C’est l’heure du bain des éléphants… et du nôtre par la même occasion. On enfile nos maillots de bain et plouf ! On a A-DO-RÉ ce moment !

On a pu barboter dans l’eau bien fraiche, arroser les éléphants, leur donner des bananes… pendant que Daniel prenait les photos. ˆˆ

Deux éléphants prennent leur bain en notre compagnie près de Sen Monorom, Cambodge
Sylvain touche la trompe dun éléphant lors du bain près de Sen Monorom, Cambodge
éléphant se baignant dans une rivière avec des gens

Découverte du Village Bunong

Après cette baignade bien rafraichissante, on reprend notre route vers le village Bunong. La marche est courte mais sportive. On évolue dans de très beaux paysages avec toujours ce sublime contraste entre la couleur ocre de la terre et le vert de la végétation luxuriante.

On marche à travers la jungle pour rejoindre le village Bunong principal, Cambodge
Vache au bord du chemin ocre pour aller au village Bunong, Cambodge

Faute de train, ici les vaches regardent passer les touristes

On longe notamment des plantations de café. L’endroit est propice. On comprend maintenant pourquoi on a vu autant de café en vente à Sen Monorom.

Une fois arrivés au village, on constate avec désarroi qu’une pseudo ONG a lancé un projet scolaire il y a quelques années mais qu’il n’y a finalement eu aucun suivi. Les gamins Bunongs qui désirent apprendre l’anglais n’ont donc aucun soutien. Ça fait peine à voir ! Le guide nous explique qu’à lui seul il pourrait déjà constituer une classe de 21 élèves qui ont émis le désir d’apprendre l’anglais. Avec une organisation correcte et un réel suivi il y en aurait sans doute bien plus.

Village principal Bunong, Cambodge
École abandonnée au village Bunong, Cambodge
Enfant Bunong joue avec un vélo à moitié détruit, Cambodge

On se balade un peu dans le village et c’est déjà l’heure de rentrer. Le van du matin nous ramène à l’auberge. On est rincé mais on a passé une superbe journée.

Si vous aussi vous voulez rencontrer les éléphants du Mondolkiri, voici quelques infos pratiques.

Où dormir à Sen Monorom ?

Happy Elephant Bungalows : une petite auberge constitué de bungalows très simples mais avec une salle de bain privative. Tout à fait correct pour le prix. La bouffe est un peu chère mais l’ambiance du bar est agréable. Parfait pour boire un fruit shake en fin de journée.

Où manger à Sen Monorom ?

  • Bamboo Cafe : une petite terrasse sympa, un accueil souriant et de bons petit plats. Par contre, comme souvent au Cambodge, toute la famille met la main à la pâte même les enfants. Si ça vous choque, passez votre chemin.
  • Bunong Kitchen : nous n’y avons pas mangé mais on a bu un très bon fruit shake et la carte semblait correcte. Le patron anglais est très sympa en tous cas. Si vous testez faites nous signe !

Comment rencontrer les éléphants du Mondolkiri ?

Toutes les guesthouses seront en mesure de vous proposer une formule sur mesure d’une ou ou deux journées.

Nous avons opté pour le Bunong Elephant Project et sommes allés réserver notre trek directement à l’office… qui est plutôt une petite cabane au bord de la route mais bref. 1 journée : 40 USD / personne.

Nous avions entendu du bien de ce trek via des blogs, le tout confirmé par des avis globalement positifs sur Trip Advisor. Nous avons été satisfaits de la prestation même si elle n’est pas à 100% transparente.

Si vous souhaitez avoir la revue comptable de votre contribution vous pouvez opter pour la journée proposée par WWF (bureau juste à côté) mais cela vous en coûtera 95 USD. Clairement, on avait pas les moyens.

Voilà, notre session animalière marque presque la fin de notre séjour au Cambodge. On reprend maintenant un bus (enfin, un van tout moisi) pour Stung Treng, dernière ville avant le Laos. On va passer les prochains jours à organiser notre passage frontière Cambodge Laos qui s’annonce sportif… affaire à suivre !